L’Assemblée annuelle d’INAISE – 13 mai 2015
Le regard de Malcom Hayday.
Comme c’est devenu l’habitude, l’Assemblée générale annuelle d’INAISE s’est tenue juste avant la Conférence « Cumbre Mundial de Finanzas Solidarias ». Cette année, c’était à Lima.
Alors que je frappe au clavier, ce serait trop facile de dire que l’Assemblée a été le précurseur de la conférence. En regard du moment, c’est vrai, mais ce serait ignorer la nature universelle de ces réunions. Il y a quelque années, INAISE a pris la décision alors capitale, mais avec le recul, obvie, de devenir vraiment internationale. Depuis lors, elle s’est réunie, comme réseau, au Québec, en Ethiopie, au Mexique, et maintenant à Lima, en dehors de son terreau d’origine en Europe.
 » La défaite de l’empire inca par les Espagnols a été plus qu’une autre conquête. Elle n’a pas seulement imposé un autre ensemble de gouvernants dans la succession des civilisations andines. Elle a brisé aux racines la société coopérative agraire des ayllus andins. L’ancien coeur de l’empire inca dans ce qui est maintenant le Pérou et la Bolivie a été réorganisé en vue de l’extraction de métaux précieux. Une manière de vivre qu’aujourd’hui nous appellerions « durable » a été détruite » (Des Andes: une quête pour la justice, de Neil Macdonald).
Cette même bataille continue aujourd’hui avec le développement de la mine de cuivre de Tia Maria et ses conséquences pour l’agriculture. Mais cela symbolise aussi la faillite d’un système financier qui est devenu extractif et exclusif plutôt qu’un qui aurait un visage humain et une boussole morale. En son coeur, INAISE est un réseau dont le point central est enraciné dans la justice sociale et environnementale. De manière croissante, cela entraîne des gens de partout dans le monde avec des valeurs semblables. L’assemblée annuelle est une occasion unique pour les membres de se réunir ensemble pour partager des idées et des expériences, et de se rendre visibles collectivement. Les gens franchissent des barrières pour se réunir pendant la conférence: non seulement les barrières de la géographie, mais celle des formalités et des embêtements pour avoir des visas, et celles des problèmes affectant les membres, que ce soit le changement climatique, Ebola, ou les pressions des régulateurs.
Comme de plus en plus de gens commencent à demander pourquoi nous n’avons pas un système financier qui soit au service de la société et inclusif, il y a besoin pour les membres d’INAISE, individuellement et collectivement, de participer à des débats locaux et nationaux qui peuvent dessiner un modèle solidaire qui soit et international et viable. Les membres ont différentes formes juridiques et de gouvernance, quoique les coopératives prédominent. C’est un des quatre domaines d’études sur lesquels le réseau se penche, les autres étant l’agriculture paysanne, les activités solidaires et le changement climatique en lien avec les énergies renouvelables.
L’assemblée générale de cette année a marqué un jalon: une relève de la garde, non seulement parmi les membres du Conseil d’Administration, mais aussi avec la fin de la présidence de Dominique Lesaffre. Ce ne sont non seulement les membres, mais tous les partenaires impliqués qui doivent des remerciements à chacun d’entre eux pour leur investissement en temps, en énergie et en foi en nos valeurs, ainsi qu’à leurs organisations qui leur ont permis de prendre un temps incommensurable pour développer INAISE. Ceci est particulièrement vrai de la SIDI avec Dominique. En réalisant le souhait des membres de devenir plus international, Dominique a été un président fort exécutif, comme le lui avait demandé le Conseil en ces temps de changement. Une nouvelle arrivée au Conseil, et bienvenue, est Denise Fatoumata Ndour (« Fatou »), de la fondation SEN’Finances du Sénégal. Le nouveau président, Milder Villegas, a l’intention d’être plus le président du Conseil. En même temps, la coordination passera de Paris à Montréal, au Québec, où aura lieu une nouvelle fois la conférence en 2016. De manière adéquate, le réseau a des plans ambitieux pour se développer en réseau vraiment international et pour s’assurer de la cohérence avec d’autres réseaux et organisations de l’économie sociale. C’est le seul réseau qui réunit un vaste spectre d’organisations fondées sur des valeurs sociales et solidaires, des praticiens aussi bien que des apex. Cela amène aussi de défis: nous réengager dans nos mission et valeurs, prendre le collier de la puissance des nouvelles technologies et de leaders plus jeunes, et de croître dans la limite de nos capacités. Avec le transfert de la coordination au Québec, il va y avoir une opportunité pour revitaliser INAISE en Europe, s’étendre en Afrique et se développer en Asie et au Moyen Orient tout en consolidant la croissance existante en Amérique latine. Cela aura des implications sur la gouvernance qui sont en cours. Il y a eu quelques problèmes agaçants et lors des prochaines assemblées générales, il faudra traiter des points fondamentaux de l’ordre du jour correctement. Mais un pas en avant a été fait. A Montréal en 2016, on verra combien de progrès aura été fait, le moindre n’étant pas un nombre de membres égal à 70.
Malcom Hayday CBE